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Un curriculum vitae a pour objet de décrire un parcours scolaire et professionnel.

 

La traduction littérale en est "déroulement de la vie".

C'est tout autre chose…

Il s'agirait alors de débobiner une histoire. 

Une bobine aux multiples fils…de tailles différentes, d'innombrables couleurs, de diverses textures. 

 

Je commencerai par ce que j'appelais "mes deux pays": Le Liban et la Belgique. Pendant des années, j'ai dit: "J'ai deux pays". Aujourd'hui, je dis plus justement: "J'ai un pays et une ville." Car on vit dans une ville, pas dans un pays.

Il se fait que Bruxelles, ma ville, n'est pas dans mon pays.

 

J'ai tenté, à trois reprises, de vivre dans mon pays. 

À 18 ans car je voulais changer le monde mais "révolution" se dit en arabe "thaoura" et… je ne savais ni parler arabe ni rouler les "r". Et l'ai appris.

Pendant la guerre, dans les années 80 car je voulais vivre ce temps-là; j'y ai géré un centre culturel sous les bombes lorsqu'elles s'arrêtaient parfois de tomber.

Et enfin, au début des années 2010, croyant la mort imprévisiblement proche, j'y suis allée pour mourir face à la mer.

Je n'y suis jamais restée plus de deux ans.

Ma ville et ma vie me manquaient.

 

Une enfance libanaise.

Le village natal. Deux anecdotes.

 

Mon neveu demandait, il y a longtemps, à son père: "C'est quoi un village natal?". Mon frère a répondu joliment: "C'est un village où il y a beaucoup de Labaki."

 

Le buste de mon grand-père trône au milieu du village. Des années plus tard, un buste de mon père l'y a rejoint un peu plus haut, à un tournant de la route. Mon psychanalyste à qui je disais, un jour, que j'étais une imposture m'a gentiment rétorqué: "Madame, il n'y a pas de place pour une statue de plus dans votre village".

 

Une adolescence bruxelloise.

Gréco-latines puis Sciences humaines. Deux moments.

 

Le passage sans transition de "Mademoiselle Age Tendre" et "Salut les Copains" à Karl Marx.

 

Un cabaret littéraire, "Le Grenier aux chansons" près de la Grand-Place, où nous nous prenions pour Léo Ferré, Anne Sylvestre, Jean Ferrat, Brassens et les autres… guitare à la main.

Etudes universitaires.

Le choix des études. Philosophie, sans hésitation. Trois ans.

Jusqu'à l'achat d'un livre pour son titre: "L'équilibre mental, la folie, la famille" de Ronald Laing. Passionnante rencontre avec l'anti-psychiatrie. 

Tournant: Licence en psychologie puis D.E.A.

Le parcours se déroulait et l'orientation systémique se confirmait.

Naturellement donc, Certificat de Spécialisation en Psychologie-Psychothérapie à Chapelle-aux-Champs.

Rencontres encore.

Dans les années 90…

Avec des enfants en hémato-oncologie pédiatrique à St-Luc.

L'un d'entre eux, en chimio, après avoir mangé avec appétit une orange, la vomit…, me regarde et dit: "Elle était quand même bonne, cette orange!".

Une autre, en chambre stérile pour des semaines suite à une greffe de moelle, me demande de lui ramener un objet de sa chambre "normale" et me dit: "Je bouge pas, je t'attends".

 

Avec des migrants en consultation d'ethno-psychiatrie à Brugmann.

 

Avec des adolescents, à cheval sur deux siècles et pendant 10 ans, aux Sentiers de la Varappe, un service d'accompagnement à l'autonomie d'adolescents.

Et depuis plus de deux décennies…

Avec des formants, en Belgique, au Vietnam, en France, en Suisse, au Luxembourg et au Liban. 

Avec des patients, en individuel, en couple et en famille.

 

Avec des collègues et avec des équipes, en supervision.

 

Avec les autres membres du Groupement belge des formateurs de psychothérapeutes systémiques, de l'ABIPFS et de l'EFTA. 

 

Avec vous...

Août 2020

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